je cherche des mots pour expliquer. Je cherche mais je ne trouve pas. Je cherche des idées mais je n’en ai pas. Je cherche ma route mais je suis hors piste.

Je cherche, je cherche… Je cherche car je me sens perdu. Je la regarde partir et je ne trouve pas de sens. Notre enfant nous quitte et emporte avec elle tout le bonheur au quotidien de 4 vies. Ça commence par un long et lent silence. Seul le ronronnement des appareils  entourant son lit médicalisé fait écho à ce vide. Doucement ses yeux se ferment avec les jours et les lunes qui défilent. Dorénavant une cage de verre sépare son esprit du reste de l’univers. Alors je me tiens près d’elle, de son lit et de son corps. Je la regarde et j’ai peur en m’imaginant qu’elle se prépare pour un long voyage. J’attends un signe qui ne viendra peut être plus.

Je m’imagine qu’elle tape sur cette cloison de verre mais nous ne la voyons plus. Nous ne l’entendons plus. Plus rien ne bouge. Il souffle un vent froid sur les corps qui l’approchent. Nos idées et projets, naguère nombreux, se transforment en glace et se figent à l’évocation juste de son prénom.

Je regarde son cœur qui lève ses petits os. Ses poumons se gonflent encore de cet air de la vie pour terminer par un long soupir témoin d’un corps fatigué par des mois de combat. Je me dis que ce n’est pas juste. Je la regarde dormir avec cette idée sombre qu’un matin, elle ne sera plus.

Nous étions prévenu mais ces derniers mois ont porté autant d’espérance que de chagrin. Lutter pour ne pas sombrer telle est notre devise. Mais la maladie a brutalement attrapé notre fille pour la forcer à ne plus marcher, à ne plus parler et à perdre juste assez de force pour vous obliger à poser un genou à terre.

Diminuée, elle ne peut plus combattre. Nous somme pris au piège d’un trou qui vous enferme et vous empêche de rebondir.Elle ne manque pourtant pas de courage notre Léonie mais son petit moteur est cassé et ne peut plus la propulser. Nous aurions aimé être les parents « mécanicien » mais nous aurons rarement trouvé les outils utiles à stabiliser sa tumeur. La chance nous a souvent fuit.

Seul l’amour porté à son enfant survit à cette tragédie humaine annoncée et ne vous quitte pas. Un amour tellement fort qu’il vous porte et vous pousse dans un autre monde. Un monde ou chaque petit moment devient grand et où les défis aux tailles gigantesques se transforment en minuscules instants de vie.

Merci à vous d’être avec nous dans ces moments difficiles. Et souhaitons à Léonie, un sursaut pour me faire taire et pour ne pas penser que nos sociétés auraient pu faire mieux et plus pour ces enfants DIPG. Ils restent les oubliés d’un plan cancer, les ignorés d’une société et les héros de ma vie! Je les aime ces enfants DIPG avec pour uniques rêves :  vivre et grandir.

Laurent, le papa de Léonie. 😥

 

Cet article a 18 commentaires

  1. Valérie Van Mol

    Un si beau message, si vrai et si bien écrit. Sincères condoléances.

  2. Valérie Bardelli-Godfroid

    Cher Laurent, nos pensées vous accompagnent. La qualité de votre écriture est exceptionnelle, vos photos magnifiques et Léonie, une petite fille très courageuse. Comme vous le dites si bien, cet amour qui vous unit est éternel et rien ne pourra l’effacer, même pas la séparation… Je vous imagine faire un livre de ces nombreux témoignages pour laisser une trace de ce terrible combat et sensibiliser les chercheurs, politiques, parents d’enfants en bonne santé. Le sourire lumineux de Léonie est avec nous. De tout coeur avec vous.
    Valérie

  3. Mosse/faucon

    Bonsoir Laurent ,
    Nous étions venus écouter un concert tous les 4 en fin d’année scolaire au sacre chœur , concert en soutien à Léonie .
    Un de vos amis nous avait donné de bonnes nouvelles de Léonie , plutôt encourageantes .
    Nous pensons régulièrement à elle et à votre courage , et avons lu ton texte poignant il y a 2 jours .
    Que dire , sinon que nous vous envoyons tout notre courage , notre soutien et notre profonde tristesse .
    Nous vous embrassons fort
    Jeanne , Alice , Laurent et Rachel

  4. Yoyo

    On ne se conditionne jamais à la perte d’un enfant et ce quelque soit son âge. Par la pensée, j’y ait cru énormément à un éventuel miracle, à ce qu’un remontant lui redonne toutes ses forces. 😥
    Tout ce que je peux vous dire c’est que même si vous devez vous rendre à l’évidence c’est, offrez à cette petite princesse les plus beaux derniers jours possibles, accrochez-vous pour qu’elle vous donne tout son amour et réciproquement. 🙏🏽❤️
    Je vous apporte toute ma positivité et ma force dans cette très dure épreuve. Battez-vous jusqu’à la dernière seconde afin que plus jamais, cette « saloperie » de maladie ne nous arrache à ceux qu’on aime.
    Bien à vous. 😘
    Yoann

  5. Sophie

    Lire le texte de Laurent, tomber sur ce lien et se sentir proche de vous sans vous connaître…
    Si l’on pouvait prendre chacun un peu de sa douleur…
    Je pense à vous, et vous envoie mes forces et ondes positives
    La vie ne vaut d’être vécue sans amour et vous lui donner un sens
    ❤️❤️❤️

  6. Je suis impuissante devant votre chagrin, je ne trouve pas les mots, votre amour est si beau si grand que Léonie le gardera au fond de son cœur et vous , gardez son si beau sourire. Vous avez tout tenté pour votre fille chérie. Je ne peux vous dire que Courage.

  7. maryse laplante

    Un papa. Un beau papa plein d’amour pour sa fille. Elle est chanceuse cette Léonie d’avoir un papa comme vous. Un papa que moi et tant d’autres n’ont jamais eu. Il est des courtes vies qui sont remplies d’amour. Perdre un enfant n’est pas dans la logique des choses. Le sourire de Léonie est immortel. Courage papa!

  8. Mme Pellet Myriam

    « au pays de Léonie » jolies cartes dans les tons bleutés , ont été déposées , un jour , sur mon lieu de travail : une pharmacie d’Avignon.J’ai lu son histoire et retenu son joli prénom qui n’est pas courant , en me disant : on a connu une petite Léonie au Pontet .Et la réponse : oui , c’est bien Léonie que ma fille a invité à son anniversaire pour fêter ses 6ans .Maternelle H.Bosco , ma fille Iris , et Léonie ont partagé des joies ensemble , Iris est venue chez vous pour fêter aussi un joyeux anniversaire à Léonie. Puis vint la rentrée en primaire : pour Iris H.Bosco et pour Léonie M.Curie : c’est la séparation , et à cet âge-là , trop petits pour penser à garder le fameux contact .Puis vint le déménagement vers Morières pour nous 3 , et Iris perd ses camarades , pour rentrer en CM1 à l’école M.pagnol de Morières.De nouveaux camarades , une page se tourne .Je découvre la maladie de Léonie et je reconnais votre fille sur un article du journal  » la provence » du 9mai .Le doute s’efface , la douleur nous envahit .Ma fille me dit  » Léonie ne va pas mourir , hein maman ? » et je lui répond  » elle se bat , mais oui elle va mourir , car cette maladie est plus forte que Léonie » , et des larmes sur les joues de ma fille coulent doucement et silence .Alors nous recherchons le fameux anniversaire que Léonie a partagé avec nous , archivages photos , recherche dans disque dur …. et voilà nous y sommes : juin 2013 , chez les gds-parents à Jonquerettes , un après-midi ensoleillé , 5 filles , 3 garçons , et des visages coloriés de maquillage , l’insouciance .Je lis vos messages purs , profonds . Je voulais vous écrire depuis un moment , mais il fallait que je me pause , calmement , comme vous faites si bien .J’espère ne pas avoir trop pris de votre temps , et souhaiterais vous envoyer quelques unes des photos de l’anniversaire d’Iris en compagnie de Léonie , si vous me le permettez , hors blog .Papa de Léonie , Maman , sœur , merveilleux cœurs portant et guidant Léonie vers son ailleurs , tout est dit .
    signé : Maman d’Iris .

Répondre à Valérie Van MolAnnuler la réponse.

Au pays de Léonie

Des parents en lutte contre les cancers pédiatriques.